Vous êtes micro-entrepreneur et souhaitez diversifier vos sources de revenus ? L'idée de créer une seconde micro-entreprise vous a peut-être traversé l'esprit. Cette question revient fréquemment chez les indépendants qui cherchent à développer plusieurs projets en parallèle. Pourtant, la législation française est claire sur ce point, et il existe des alternatives intéressantes pour ceux qui veulent multiplier leurs activités.
Une seule micro-entreprise par personne : le principe juridique
La réponse est sans équivoque : non, vous ne pouvez pas avoir plusieurs micro-entreprises. Ce principe découle directement de la nature même de l'entreprise individuelle. Contrairement à une société qui possède sa propre personnalité juridique, la micro-entreprise est indissociable de la personne physique qui l'a créée. Vous et votre entreprise ne faites qu'un.
Cette règle s'applique d'ailleurs à toutes les formes d'entreprises individuelles, qu'il s'agisse d'une EI classique, d'une EIRL ou d'une micro-entreprise. Lors de la création, vous obtenez un numéro SIREN unique qui vous est attribué personnellement. Ce numéro reste le même tout au long de votre vie entrepreneuriale, quelle que soit l'évolution de votre activité.
Le législateur a conçu ce cadre pour simplifier la gestion administrative. Une personne physique ne peut donc posséder qu'une seule structure en nom propre. Tenter d'en créer une seconde se heurterait immédiatement à un refus lors des démarches auprès du Guichet Unique.
Comment exercer plusieurs activités au sein d'une même micro-entreprise
Si vous ne pouvez pas multiplier les micro-entreprises, rien ne vous empêche d'exercer plusieurs activités différentes sous une même structure. Cette possibilité constitue l'une des grandes forces du régime micro-entrepreneurial et permet une réelle diversification des revenus.
Déclarer une activité secondaire
Vous pouvez ajouter autant d'activités secondaires que vous le souhaitez à votre activité principale. La procédure est relativement simple : il suffit de réaliser une modification de votre dossier via le Guichet Unique de l'INPI. Vous devrez indiquer quelle activité constitue votre activité principale, c'est-à-dire celle qui génère le plus de revenus.
Ces activités peuvent être totalement différentes les unes des autres. Vous pourriez par exemple être graphiste et proposer simultanément des cours de yoga, ou cumuler la vente de bijoux en ligne avec une activité de conseil en marketing. Aucun lien de cohérence n'est exigé entre vos différentes prestations.
Les plafonds de chiffre d'affaires à respecter
L'exercice de plusieurs activités cumulées ne multiplie pas les plafonds de chiffre d'affaires. Vous devez respecter les seuils globaux du régime micro-entrepreneur, qui s'élèvent en 2025 à :
| Type d'activité | Plafond annuel |
|---|---|
| Vente de marchandises et fourniture de logement | 188 700 € |
| Prestations de services BIC et BNC | 77 700 € |
Lorsque vous exercez des activités mixtes, la règle devient plus subtile. Si vous combinez vente et prestations de services, votre chiffre d'affaires global ne peut pas dépasser 188 700 €, avec un maximum de 77 700 € pour la partie prestation de services. Un dépassement de ces seuils pendant deux années consécutives vous fait basculer dans le régime réel et sortir du statut de micro-entrepreneur.
Les cas particuliers à connaître
Certaines situations nécessitent une attention particulière. Les activités relevant de chambres différentes (Chambre de Commerce et d'Industrie, Chambre des Métiers et de l'Artisanat) peuvent être cumulées, mais vous devrez vous immatriculer auprès de chacune d'elles.
D'autres activités sont soumises à des restrictions. Les professions immobilières comme les agents immobiliers ou les marchands de biens ne peuvent pas être exercées en micro-entreprise. Jusqu'au 1er janvier 2025, les services à la personne imposaient une condition d'exclusivité, désormais levée. Vous pouvez maintenant cumuler une activité de service à la personne avec d'autres prestations, à condition que le chiffre d'affaires de la nouvelle activité ne dépasse pas 30 % du chiffre d'affaires global de l'année précédente.
Les alternatives pour multiplier vos sources de revenus
Créer une société en parallèle
Si vous souhaitez vraiment séparer vos activités, vous pouvez conserver votre micro-entreprise et créer une société en parallèle. Les sociétés possèdent une personnalité morale distincte, ce qui autorise leur cumul avec une entreprise individuelle.
Cette option fonctionne particulièrement bien avec une SASU ou une SAS. En tant que président de SASU, vous êtes assimilé salarié et pouvez donc cumuler ce statut avec votre micro-entreprise sans restriction. La situation est plus complexe avec une SARL ou une EURL : pour conserver votre micro-entreprise, vous devez être gérant minoritaire ou égalitaire, ce qui signifie que vous ne contrôlez pas totalement votre société.
Cette solution présente des avantages notables : pas de plafond de chiffre d'affaires, possibilité d'embaucher, crédibilité renforcée auprès des clients. Elle implique néanmoins des coûts de création et de gestion plus élevés, ainsi que des obligations comptables et déclaratives plus lourdes.
Le portage salarial : une solution flexible
Le portage salarial constitue une alternative particulièrement intéressante pour les micro-entrepreneurs qui atteignent les limites de leur statut ou souhaitent tester une nouvelle activité. Ce dispositif se positionne à mi-chemin entre salariat et indépendance.
Concrètement, vous signez un contrat de travail avec une société de portage salarial qui devient votre employeur. Vous prospectez vos propres clients et fixez vos tarifs en toute autonomie, mais c'est la société de portage qui facture vos prestations et vous verse un salaire. En contrepartie, elle prélève des frais de gestion, généralement compris entre 5 et 15 % de votre chiffre d'affaires.
Les avantages du portage sont nombreux : aucun plafond de chiffre d'affaires, protection sociale complète équivalente à celle d'un salarié, droit au chômage, cotisations retraite, gestion administrative entièrement déléguée. Vous bénéficiez également d'une crédibilité renforcée qui facilite l'accès aux grands comptes. La société de portage s'occupe même du recouvrement des factures, vous évitant les négociations délicates avec les clients.
Le portage salarial est réservé aux activités intellectuelles et de conseil, avec un tarif journalier minimum de 170 € imposé par la convention collective. Il reste donc inaccessible aux activités commerciales ou manuelles.
Procédure pour ajouter une activité à votre micro-entreprise
L'ajout d'une activité secondaire nécessite une simple formalité administrative. Vous devez vous connecter au Guichet Unique sur le site de l'INPI et renseigner les informations relatives à votre nouvelle activité. Cette démarche est gratuite et peut être effectuée à tout moment.
Lors de votre déclaration de chiffre d'affaires mensuelle ou trimestrielle auprès de l'URSSAF, vous devrez ventiler vos revenus par activité. Chaque type d'activité est soumis à un taux de cotisations sociales spécifique : 12,3 % pour les activités d'achat-revente, 21,2 % pour les prestations de services commerciales et artisanales, et 21,1 % pour les activités libérales.
Veillez à conserver une comptabilité permettant de distinguer clairement le chiffre d'affaires généré par chaque activité. Cette rigueur facilite vos déclarations et vous permet de suivre la rentabilité de chacune de vos prestations.
Quelle solution choisir pour votre situation ?
La législation française autorise une seule micro-entreprise par personne physique, mais vous offre la possibilité d'exercer plusieurs activités au sein de cette structure unique. Les plafonds de chiffre d'affaires restent globaux et ne se cumulent pas, ce qui impose une vigilance constante sur vos revenus.
Pour ceux qui souhaitent aller au-delà de ces limites, deux solutions principales se dessinent : la création d'une société en parallèle ou le recours au portage salarial. Chaque option répond à des besoins spécifiques et mérite une analyse approfondie de votre situation personnelle.
Si vous atteignez régulièrement les plafonds de la micro-entreprise ou si vous cherchez une protection sociale plus complète, le portage salarial peut représenter l'alternative idéale. Nous vous accompagnons dans cette transition pour vous permettre de développer sereinement votre activité tout en bénéficiant d'une couverture sociale optimale. Découvrez comment le portage salarial peut transformer votre façon de travailler.
